Erika Reed
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Date d'inscription : 19/05/2015
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![Ni une, ni deux [PV Thomas Taylor] Empty](https://2img.net/i/fa/empty.gif) |  Sujet: Ni une, ni deux [PV Thomas Taylor] Dim 4 Oct - 1:30 | |
| Judith réajusta ses lunettes rectangulaires à monture noire et vérifia que son tailleur ne présentait aucun pli. D'une main fraichement manucurée, elle empoigna sa sacoche et se dirigea vers la porte d'entrée en jetant un dernier regard à sa montre. Pur réflexe insignifiant, car elle arrivait de toujours plus tôt au boulot. Sa ponctualité sans faille avait pris des proportions quelque peu démesurées au point d'en devenir l'objet de blagues de la part de ses collègues, ou pire encore, de ses étudiants. Mais Judith était bien au-dessus de ces enfantillages. Qu'ils rient donc à s'en décrocher la mâchoire, elle avait l'intime conviction que l'avenir appartenaient à ceux qui se levaient tôt. De plus, elle aurait le temps de passer au Tiffany's afin de se prendre une délicieuse brioche aux myrtilles et un café latté dans lequel le jeune serveur albinos dessinerait un cœur en lait, comme il en avait l'habitude à peu près tous les matins. Judith ignorait s'il s'agissait d'un message personnel ou d'une lubie professionnelle, et elle s'en moquait pas mal, à vrai dire. L'enseignante salua Blaster, son Beagle nain, et ouvrit la porte d'entrée. C'est à cet instant précis qu'elle tomba nez à nez avec les deux filles de sa sœur : Erika et Tatiana. La dernière fois qu'elle avait vu Erika ? Des monstres s'échappaient de l'armoire et du lit de sa nièce, qui n'était encore qu'une fillette à l'époque.- Bonjour tante Judith, ça fait un bail hein ?La femme blêmit, balbutia quelques sons dénués de toute cohérence, et s'évanouit. Erika et Tatiana se lancèrent un regard interrogateur, restant plantées face à ce corps inerte dont Blaster était venu lécher le visage en remuant la queue paisiblement, comme s'il venait de trouver un judicieux prétexte pour prouver son inébranlable fidélité canine. Tatiana se pencha vers sa tante et grimaça.- Elle est morte ?Posée dans le canapé (ce ne fut pas une partie de plaisir pour les deux sœurs), Judith reprit peu à peu connaissances. Le regard curieux de son chien fut la première chose qu'elle vit, ce qui lui fit esquisser un sourire. Mais lorsque sa vue s'ajusta, elle remarqua le visage d'Erika surplombant cette frimousse d'innocent compagnon. Elle écarquilla les yeux, prise à nouveau de panique.- C'est bon, Tante Judith, inutile de continuer ton cinéma, je ne vais pas te manger. Bon sang, si tes élèves te voyaient.Erika savait pertinemment que cette provocation piquerait au vif dans la fierté de la sociologue. Cette dernière se redressa, le dos droit comme un i, et remit son tailleur en place.- Etudiants. On les nomme "étudiants" à l'université. Mais je te pardonne ton ignorance, petite sotte.Alors qu'Erika haussa un sourcil, Tatiana s'avança timidement vers Judith, les mains croisées devant comme le font les enfants qui veulent attendrir les adultes.- Bonjour Tante Judith, tu te souviens de moi ?La femme éprouvait manifestement une certaine méfiance envers la fillette, mais elle tenta de dissimuler ce sentiment. Elle devait sans nul doute la soupçonner de posséder un pouvoir aussi, comme sa sœur.- Bien sûr que oui, je me souviens, ma puce. Viens là.Elle lui déposa tendrement un baiser sur le front. Après tout, c'était l'enfant de sa défunte soeur. Elle avait assisté aux funérailles de loin, appuyée contre sa voiture, de grandes lunettes noir et un large chapeau de toile dissimulant son visage. Judith avait toujours été une femme solitaire et renfermée. A la simple pensée d'avoir montré tant d'émotions à ses nièces quelques minutes auparavant, elle éprouvait un frisson de dégoût.- Je ne peux pas risquer de t'abriter ici Erika, dit-elle solennellement. Tu sais ce qu'ils font aux EVOs depuis le 13 juin, je ne peux pas courir un tel danger.- Mais je n'ai nulle part où aller. Et Tatiana, tu y as pensé ? Je vais me trouver un boulot, je me ferai discrète. Je te le promets.Judith les considéra du regard tour à tour, comme un juge paré à prononcer son verdict. Elle lâcha un long soupir avant de lever les yeux au ciel.- Très bien, vous n'avez qu'à prendre la chambre d'amis. Mais je vous préviens : à la moindre manifestation étrange ou comportement suspicieux, c'est dehors, toutes les deux !Tatiana lâcha un cri de joie et s'élança dans les bras de sa tante. Surprise par un tel élan d'affection, Judith resta tendue, ne sachant quoi faire, et tapota avec hésitation sur la tête de la fillette. Erika prit ensuite sa soeur délicatement par le poignet et se pencha vers elle dans un geste de confidence.- Et si tu allais déjà chercher tes affaires dans la voiture ? Je dois parler avec Tante Judith un moment.La gamine acquiesça et s'exécuta en courant, visiblement très heureuse d'avoir trouvé un nouveau foyer. Erika était contente de la voir reprendre ainsi goût à la vie. La petite n'était plus très souriante depuis le décès de ses parents, ce qui était normal. Mais avec le temps, elle pourrait peut-être retrouver une vie normale. Une fois seule avec Judith, Erika s'avança vers elle, son sourire disparaissant automatiquement.- A propos de ce que tu as vu quand j'étais enfant... ça ne s'est plus jamais reproduit. Tu n'as donc pas à t'en inquiéter. Je ne te causerai pas de soucis.
- Je l'espère bien, rétorqua Judith sèchement. Tu es une adulte maintenant, j'espère que tu es suffisamment responsable pour savoir ce que tu fais. N'en parlons plus, tu veux ?Même si Judith était de base une femme très rationnelle, elle avait interprété les illusions d'Erika comme un signe du démon, prenant la mioche pour un suppôt de Satan ou quelque connerie du genre. Ce n'est qu'avec le temps, et surtout suite à la révélation des EVOs, qu'elle comprit à quelle point elle avait été stupide d'avoir de telles superstitions. Mais elle avait tout de même refusé catégoriquement de revoir Erika. Cela causa pas mal de tensions avec sa sœur, cela allait de soi. Mais tout ça relevait désormais du passé. Ou du moins, elle l'espérait...
Le lendemain, Erika se rendit à l'office du travail pour littéralement écumer toutes les offres disponibles. Elle souhaitait continuer à exercer son métier d'institutrice maternelle, mais en attendant, elle était prête à prendre tout job se présentant à elle, même si cela l'obligeait à servir des donuts dans un café miteux géré par un patron macho. Elle ne voulait pas constituer un fardeau pour sa Tante, et surtout prendre son indépendance le plus vite possible. Cela dit, elle ne connaissait rien de New York, donc cela risquerait de prendre un moment. Tatiana était venue avec elle. La petite se sentait encore perdue depuis le déménagement, et ne voulait plus quitter sa demi-sœur d'une semelle. Cela ne dérangeait pas Erika, qui lui avait demandé de rester sage si elle souhaitait l'accompagner. La jeune femme fit une bonne vingtaine de photocopies d'offres d'emploi, les glissa dans une chemise en plastique et tendit la main à sa sœur.- Allez, c'est bon, t'as été sage comme une image. Viens, on va manger une glace !
- Wouhouuu !La petite déposa le magazine qu'elle lisait et bondit de sa chaise. Pour la première fois depuis des jours, Erika laissa s'échapper un radieux sourire. Elle avait le pressentiment que les choses allaient enfin s'arranger. Mais malheureusement, elle n'avait pas le don de prémonition. Loin de là... |
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